C'est un des produits majeurs de la chimiothérapie anti-cancéreuse.

Les sels de platine sont des agents proches des alkylants dans leur mécanisme d'action. Ils forment des liens chimiques très forts entre les différents brins de DNA et à l'intérieur d'un brin de DNA lui-même.

Le cisplatine nécessite une hydratation pour réagir avec les bases. Son abbréviation habituelle est CDDP. La disposition 'cis' des radicaux chlore et ammoniaque est indispensable à l'action du cisplatine, car elle assure une certaine planéarité à la molécule. Les autres formes (formes trans-) sont totalement inactives.

Formule du cisplatine

Indications

Plusieurs indications sont retenues

Cancers du testicule (protocoles BEP ou EP ou VIP)

Cancers de l'ovaire (protocoles Cyclophosphamide-CDDP, Taxol-CDDP)

Cancers de la sphère ORL (protocole 5-FU, CDDP)

Cancer de l'oesophage (protocole 5-FU, CDDP)

Cancer du col utérin (protocole 5-FU, CDDP)

Cancer de la vessie (protocoles MVAC ou Gemcitabine-CDDP)

Autres cancers épidermoïdes.

Le cisplatine est habituellement utilisé en polychimiothérapie, en association avec d'autres médicaments antinéoplasiques.

La dose habituelle est de 75 à 100 mg/m2 toutes les 3 semaines avec une hydratation importante, ou parfois en 5 doses quotidiennes de 20 mg/m2 pour une meilleure tolérance digestive et rénale.

Principales toxicités

Ne sont citées que les toxicités non générales (les toxicités générales sont décrites dans le chapitre toxicité de la chimiothérapie).

TOXICITE DIGESTIVE

Le cisplatine est très émétogène. Pratiquement tous les nouveaux anti-émétiques (notamment les sétrons) ont été testés sur des chimiothérapies qui comprenaient un sel de platine. Malgré l'utilisation de ces nouveaux produits, il convient systématiquement de leur associer un corticoïde avant la perfusion, voire d'un anxiolytique pour éviter les vomissements anticipés lors des cures suivantes.

Les vomissements retardés peuvent être encore importants, notamment si le contrôle initial est insuffisant. Ils nécessitent en général la prescription de corticoïdes pendant les premiers jours (cf. anti-émétiques).

TOXICITE RENALE

La toxicité rénale est quasi constante. Elle nécessite l'utilisation d'une forte hydratation par voie veineuse (au moins 2 litres sur 24 heures, et pour certains plus), voire l'utilisation d'un diurétique comme le furosémide (Lasilix™). Une vérification de la créatinine sanguine et un calcul de la clairance est nécessaire avant l'administration de chaque nouvelle dose de cisplatine. Il convient de prévenir les malades (notamment les jeunes) que l'utilisation d'un autre néphrotoxique (comme par exemple, un antibiotique de la famille des aminosides) doit être prudente à l'avenir en raison de toxicité cumulée.

On observe, à la longue une diminution du magnésium sanguin et également une atteinte des corpuscules juxta-glomérulaires responsables de la sécrétion d'érythropoiétine. On observe ainsi une anémie fréquente.

TOXICITE NEUROLOGIQUE

La neuropathie sensitive pure du platine s'observe de façon constante au-delà de la dose cumulée de 600 mg/m2. On observe des paresthésies des extrémités (pieds, mains) avec fourmillements plus ou moins permanents, puis une diminution de sensibilité profonde aboutissant à une ataxie plus ou moins nette (impression de marcher sur du sable, difficultés à s'habiller ou à porter quelque chose de façon équilibrée). Il n'y a pas de neuropathie végétative.

On a observé quelques atteintes motrices dans les intensifications de doses utilisées dans certaines pathologies (testicule). L'association carboplatine-cisplatine est plus toxique que le cisplatine seul.

TOXICITE AUDITIVE

L'atteinte de la paire VIII s'observe de façon plus ou moins constante (30% après la dose cumulée d'environ 500 mg/m2). On observe des bourdonnements d'oreille, une hypo-acousie pour les hautes fréquences, et une difficulté majeure à s'orienter selon le bruit. La perte de sélectivité de l'oreille (capacité à discuter au milieu d'une foule) est particulièrement ressentie par les malades.

Avec une dose cumulée un peu supérieure ou chez les sujets sensibles, on peut observer aussi une ataxie d'origine vestibulaire.

TOXICITE ALLERGISANTE

On observe quelques rares d'éruptions au cisplatine.