Le test Hemoccult II est un test de recherche du sang dans les selles. Le test est constitué d'un papier réactif imprégné de gaïac situé dans une petite plaquette de carton (cf. schéma ci-dessous)

Un peu de matière fécale est prélevé par le sujet qui se soumet au test, puis celui-ci expose sur une des faces internes du matériel de test avec la spatule une petite quantité de cette matière fécale.

La révélation du test se fait au laboratoire : il n'est pas recommandé de réhydrater à l'avance la pastille enduite de matière, en raison de l'augmentation importante du taux de faux positifs. La lecture se fait par adjonction d'une solution d'eau oxygénée.

Test Hemoccult négatif Test Hemoccult positif

Il existe des difficultés d'interprétation selon que le test est réhydraté ou non.

Réhydratée, la plaquette d'Hemoccult réagit plus facilement (environ 5 fois plus de positifs) et va donner un nombre important de faux positifs (pas de lésion trouvée lors de la colonoscopie). L'expérience très intéressante du Minnesota (souvent citée comme démontrant l'efficacité d'un tel dépistage) s'est compliqué d'un taux de colonoscopie inutile d'environ 40%. Outre le risque propre (même si il est minime) de cet examen et un coût prohibitif dans le cadre d'un dépistage standard, ce taux important de faux positifs risque de démotiver la population pour des examens successifs.

En France, le test non réhydraté donne un taux de positivité inférieur à 3%. Sans réhydratation, le test a une spécificité (trouver du sang dans les selles) de'environ 98% et une valeur prédictive positive de 10% pour un cancer et 30% pour un adénome.

La sensitivité pour un adénome dépend de la taille de l'adénome : environ 20% pour un adénome de 1 à 2 cm, entre 30 et 75% pour un adénome de plus de 2cm.

La réhydratation du test augmente le nombre de faux positifs (et donc le nombre d'examens complémentaires inutiles).

Le tableau suivant montre l'importance de la participation et de la répétition des examens pour obtenir une réduction très significative de la mortalité par cancer du colon et du rectum.

  Minnesota Angleterre Suède Danemark Bourgogne
Année de début 1975 1981 1982 1986 1988
Nombre de sujets 46.500 152.850 63.800 61.900 91.500
Age 50-80 50-74 60-64 45-74 45-74

Participation :

Au moins un test

Première campagne

Seconde campagne

 

90%

90%

60%

 

60%

54%

38%

 

69%

66%

62%

 

67%

67%

46%

 

68%

53%

37%

VPP 5.6% 11.5% 4.7% 12.2% 11.4%
Suivi (années) 18 8 10 13 11
Réduction mortalité
(risque relatif)
0.79 0.61 0.88 0.66 0.67

 

Le test Hemoccult, comme les autres tests utilisés, ne peut que démontrer la présence de sang dans les selles. Outre que certaines affections coliques peuvent se compliquer d'hémorragies, les polypes voire même les cancers ne saignent pas en permanence : il est donc possible de 'passer à côté' d'un cancer si celui-ci ne saigne pas au moment où le test est fait.

Ainsi, dans les deux études phares anglaise et danoise, le nombre de cancers diagnostiqués après un test négatif était supérieur au nombre de cancers dépistés grâce à un test positif (148 versus 120 dans l'essai danois et 249 versus 236 dans l'essai anglais). La sensibilité globale de leurs programmes de dépistage biennal est ainsi, en tenant compte du taux de participation, inférieure à 50%.

Cette faible sensibilité du test Hemoccult IIR doit encourager les recherches portant sur d'autres tests ou d'autres procédures de dépistage. Les tests immunochimiques par hémagglutination (HemeSelect), par Elisa (Feca EIA) par agglutination au latex (OC Hemodia) ou par immunodiffusion radiale (Detectacol) sont plus sensibles que les tests au gaïac mais leur coût rend actuellement inenvisageable leur utilisation dans le dépistage de masse.

Dans notre région, une étude est actuellement en cours dans le Nord Cotentin testant une de ces nouvelles méthodes de détection du sang dans les selles.